Catégorie : Infos internationales

  • Nouveau protocole de l’Église allemande pour les victimes d’abus

    De nouvelles règles concernant la reconnaissance de la souffrance des victimes d’abus sexuels dans le contexte ecclésial sont entrées en vigueur le 1er janvier. C’est l’aboutissement d’un processus entamé en 2018 par l’Église allemande.

    Vatican News

    L’entrée en vigueur de ce nouveau règlement avait été décidée le 24 novembre 2020 par le Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande après la remise à l’automne 2018 d’une étude intitulée «Abus sexuels sur mineurs par des prêtres, diacres et religieux catholiques au sein de la Conférence épiscopale allemande (DBK)». De nouveaux formulaires de plainte sont donc maintenant disponibles sur le site web de la conférence et remplacent la procédure instituée en 2011.

    La décision a été prise par la Commission indépendante pour les services d’examen (UKA), composée de sept membres qui agissent indépendamment et ne sont pas des employés de l’Église catholique. Ces experts sont issus de différents domaines, comme le droit, la médecine et la psychologie. Ils ont été choisis par le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, évêque de Limbourg

    Cinq étapes avant l’indemnisation

    La nouvelle procédure de reconnaissance matérielle de la souffrance est divisée en cinq étapes. Les personnes qui ont subi des abus sexuels quand elles étaient mineures ou en tant qu’adultes vulnérables sous protection doivent se rendre auprès des personnes de contact désignées par la Commission indépendante dans chacun des archidiocèses ou diocèses ; les personnes de contact indépendantes mènent un entretien et peuvent aider à remplir le formulaire de demande ; la demande est envoyée à l’UKA par la personne de contact ou le diocèse ; enfin, l’UKA fixe un niveau de prestation et dirige le paiement aux personnes concernées par l’intermédiaire du diocèse ou directement au montant spécifié.

    Jusqu’à 50 000 euros.

    En septembre 2020, les évêques catholiques allemands ont prévu de donner aux victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé une indemnisation pouvant aller jusqu’à 50 000 euros. À l’époque, ce montant a été considéré comme «symbolique» par les associations de victimes qui demandent un débat au Parlement. Selon le nouveau protocole, même ceux qui ont déjà reçu une compensation financière dans le passé pourront y accéder, car jusqu’à présent, aucune n’a dépassé 5 000 euros.

    L’étude publiée il y a deux ans a révélé que 3 677 mineurs avaient été abusés sexuellement par plus de 1 000 membres du clergé depuis 1946. Cependant, en raison des difficultés d’accès à toutes les archives de l’Église, les auteurs du document ont reconnu que le nombre de victimes pourrait probablement être plus élevé

    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2021-01/eglise-allemagne-abus-sexuels-indemnisation-nouveau-reglement.html

  • Allemagne – Pédophilie : nouveaux remous dans l’Église

    Fevrier 2021

    A Cologne, ça explose :  

    https://francais.rt.com/international/83486-pedophilie-cardinal-cologne-coeur-scandale-refuse-publier-rapport

    En Allemagne, le cardinal de Cologne, Rainer Maria Woelki, a refusé de publier un rapport portant sur des abus sexuels commis sur des enfants. Les conclusions accablantes du document ont été révélées par plusieurs médias. Rien ne va plus dans le diocèse de Cologne, où le cardinal et archevêque, Reiner Maria Woelki, est accusé, par ses paroissiens comme par des victimes, d’avoir voulu dissimuler un rapport portant sur des actes de pédophilie et des abus sexuels commis dans son diocèse dans les années 1960. Comme le rapporte le journal La Croix, le conseil diocésain de l’archevêque a d’ailleurs décidé de suspendre son travail au regard des lourdes présomptions qui pèsent sur l’homme d’Eglise.

    Janvier 2021

    L’Église catholique allemande se retrouve confrontée à une nouvelle crise suite au refus d’un de ses ecclésiastiques les plus en vue, le cardinal de Cologne, de publier un rapport sur des abus sexuels sur mineurs par des membres de son diocèse.

    «Nous nous trouvons dans la plus grande crise que l’Église a jamais vécu. L’archevêque de Cologne a échoué en tant qu’instance morale», a dénoncé Tim Kurzbach, président du conseil diocésain de Cologne, qui rassemble ecclésiastiques et laïcs.

    Le conseil a décidé en conséquence de retirer sa confiance à ce responsable, Mgr Rainer Maria Woelki, un acte rare, et conditionné une reprise de la collaboration, notamment sur le projet synodal de modernisation de l’Église, à la publication de cette étude.

    «Les responsables doivent enfin assumer leur responsabilité», a insisté M. Kurzbach.

    La décision a reçu le soutien du puissant Comité central des catholiques allemands, qui représente les laïcs au sein de l’Église catholique romaine en Allemagne.

    Le cardinal Woelki, un conservateur, est critiqué depuis des mois car il a refusé de publier une étude indépendante, commandée par ses soins, concernant la responsabilité éventuelle de hauts dignitaires de son archevêché dans des abus sexuels, provoquant l’ire des victimes.

    Cette enquête, réalisée par un cabinet juridique de Munich, porte sur des agressions commises dans son diocèse entre 1975 et 2018.

     

    Il a justifié cette décision par la protection des données des personnes citées et selon lui un manque d’indépendance de la part des chercheurs qui ont mené l’étude sur le diocèse de Cologne, le plus grand du pays.

    Info parue sur L’Avenir.net le 30.01.2021

  • Condamnation d’un prêtre pédophile suisse : la Fraternité Saint-Pie X sur le grill pour ‘attitude criminogène’

    Après la récente condamnation en appel (le 13 décembre 2017) du prêtre traditionaliste Frédéric Abbet pour faits de pédophilie en Belgique,

    https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_bruxelles-cinq-ans-de-prison-dont-trois-ans-ferme-pour-un-pretre-pedophile?id=9788334
    la FSSPX (Fraternité sacerdotale Saint-Pie X) a publié un communiqué dans lequel elle s’auto-congratule pour son rôle dans cette affaire.
    http://fsspx.ch/fr/news-events/news/fraternit%C3%A9-saint-pie-x-%E2%80%93-communiqu%C3%A9-de-presse-du-13-d%C3%A9cembre-2017-34256

    On n’est effectivement jamais mieux servi que par soi-même. L’AVREF (Aide aux Victimes des dérives de mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles) tient à rappeler quelques faits qui, tous documentés, établissent une réalité moins reluisante.

    Dans son réquisitoire, l’avocat général avait pour le moins étrillé la Fraternité Saint-Pie X, allant jusqu’à dire qu’elle « aurait dû se trouver sur le banc des accusés » (article de La Dernière Heure, 24.X.2017). Rappelons en effet que, si la FSSPX a fourni des éléments permettant la condamnation de l’abbé Frédéric Abbet, ce n’est qu’entre la première instance et l’appel qu’elle a pris ce parti. Lors de l’instruction, elle a fait de la rétention d’informations, en cachant le fait que Frédéric Abbet avait été mis en cause en Valais dès 2005 pour des faits similaires. L’AVREF possède à ce sujet des documents probants. Quand les familles des victimes belges ont appris par d’autres sources ce lourd passé, la FSSPX a fait barrage de diverses manières : en refusant d’abord de les mettre en rapport avec la victime suisse et même de leur donner son identité, puis en leur imposant de passer par un avocat spécialement engagé à cette fin. Avocat d’un genre très particulier : fidèle de la chapelle genevoise de la FSSPX, il s’est comporté en affidé de Mgr Fellay plus qu’en homme de loi, traitant les familles belges avec un mépris extrême et faisant systématiquement obstacle à leur prise de contact avec la victime suisse. Nous ne voyons pas là de coopération avec la justice.

    Au contraire, la congrégation d’Écône a été mise en cause, et elle doit l’être, pour avoir placé l’abbé Frédéric Abbet sous le même toit que son pensionnat bruxellois, alors qu’elle le soupçonnait elle-même d’abus sexuels, suite à cette affaire de 2005. Dans leur arrêt, les juges d’appel qualifient cette mise en contact avec des enfants de « criminogène » (article de La Capitale, 14.XII.2017). Ce n’est donc qu’en taisant soigneusement les avis de 4 magistrats, le procureur du roi et 3 juges, que la Fraternité Saint-Pie X parvient à se donner le beau rôle.

    Nous notons encore la négligence caractérisée de l’abbé Benoît Wailliez, qui a été averti de manière spécifique et pressante par une mère d’élève du risque de pédophilie de la part de Frédéric Abbet et qui n’a pris strictement aucune mesure. L’AVREF possède une copie de cette déposition. Rappelons également que l’abbé Benoît Wailliez a attendu 6 ans pour produire un élément de preuve important, au cours d’une audience d’appel.

    Enfin, pour corriger une erreur largement répandue dans la presse, précisons que la question n’est pas seulement que l’abbé Frédéric Abbet avait interdiction d’être en contact avec des enfants pendant 10 ans. En 2006, il avait été jugé canoniquement pour les faits de 2005 en Suisse et, en dépit de son acquittement, le juge ecclésiastique avait ordonné au supérieur général, Mgr Fellay, de le placer

    « pendant ladite période de dix ans dans des postes d’apostolat qui le préserveront de toute promiscuité cum pueris et adulescentibus [avec des enfants et adolescents] » (jugement canonique du 06.06.2006). Deux mois plus tard, Mgr Fellay nommait Frédéric Abbet à Bruxelles, sous le même toit qu’un pensionnat.


    À présent, la Fraternité Saint-Pie X s’apprête à juger canoniquement l’abbé Frédéric Abbet pour la deuxième fois, cette fois avec mandat de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Les autorités vaticanes ont-elles conscience qu’elles font rendre la justice en leur nom par un évêque qui a foulé aux pieds un jugement canonique dont l’encre était à peine sèche? Comment avoir confiance en une telle « justice »? Il serait temps que les autorités romaines comprennent qu’elles risquent ainsi d’offenser encore un peu plus les victimes et de réduire à néant la crédibilité de ce qu’elles présentent comme leur « lutte » contre les abus sexuels.

    En tout état de cause, l’AVREF www.avref.com, La parole libérée www.laparoleliberee.fr et le Groupe SAPEC www.groupe-sapec.net se tiennent aux côtés des victimes et de leurs familles pour les conseiller, que ce soit psychologiquement ou dans les procédures, canoniques et civiles. Après cette lourde mise en cause de la FSSPX, il est inévitable que cette dernière assume ses responsabilités, pénales et civiles. L’AVREF rappelle qu’elle a traité du cas Frédéric Abbet dans son « Livre Noir de la FSSPX » et elle annonce qu’elle publiera une version augmentée de ce Livre Noir en début 2018.

    Aymeri Suarez-Pazos, Aide aux Victimes des dérives de mouvements Religieux en Europe et à leurs Familles
    François Devaux, La Parole Libérée
    Jacques Nuoffer, Groupe de Soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse (Groupe SAPEC)