Auteur/autrice : Denis PIERREHUMBERT

  • Edito du 30 janvier 2022 : Lettre d’info n°3 – Janvier 2022

    Prix de la Fondation Herbert Haag décerné à Jacques Nuoffer

    La Fondation Herbert Haag a décidé de récompenser en 2022 quatre groupes ou personnes luttant en Allemagne, en Autriche et en Suisse contre les abus sexuels commis au sein de l’Eglise. Un premier prix a été décerné à Jacques Nuoffer pour l’association du Groupe SAPEC (Suisse romande) et à Albin Reichmuth pour IG-MikU, Groupe d’intérêt des personnes concernées par les abus dans le milieu ecclésiastique (Suisse alémanique). Le prix, d’un montant de 10’000 francs suisses, est réparti entre les deux associations.

    Rapport de la CIASE (France) – Recherche suisse sur les abus sexuels dans l’Eglise

    En France, après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a rendu public son rapport le 5 octobre 2021. L’ampleur de cette recherche et qu’elle ait réussi à faire travailler ensemble historiens, juristes, psychologues, psychiatres, sociologues, démographes et théologiens, constituent un modèle pour toutes les  études futures. Le Groupe SAPEC a saisi l’occasion pour prendre position face au projet de recherche suisse envisagé sur la même thématique. Le 6 décembre, les autorités de l’Eglise annonçaient avoir mandaté deux historiennes de l’Université de Zurich pour mener une recherche indépendante. Nous avons salué cette décision attendue par le Groupe SAPEC depuis 2010, mais relevé qu’une approche pluridisciplinaire s’imposait pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Nous avons également demandé que des universitaires de la Suisse latine soient associés et insisté pour que notre Association, ainsi que nos homologues de Suisse alémanique puissent participer, dès le départ, à la recherche.

    Journée d’étude organisée conjointement avec une université romande

    Ce projet avance et nous espérons bientôt pouvoir vous annoncer le lieu et la date de cette journée d’étude. Elle visera à éclairer les éléments qui ont permis tant d’abus de pouvoir, souvent d’ordre sexuel, dans le contexte religieux.

    Site internet

    Nous travaillons à la création d’un nouveau site internet qui remplacera notre site actuel. Davantage centré sur les besoins des personnes cherchant de l’aide et offrant un design plus actuel, il sera mis en ligne, sauf imprévu, durant le premier trimestre 2022.

    Soutien de la Loterie Romande

    La LoRo vient de nous accorder un don de 20’000.- francs, ce qui nous permettra de financer  le nouveau site web, la Journée d’étude et peut-être une prestation théâtrale.

    Collaboration avec l’Association IG-MikU, notre homologue en Suisse allemande

    Nos contacts avec Albin Reichmuth, président de IG-MikU, sont réguliers et nous veillons à faire avancer ensemble nos revendications face aux autorités de l’Eglise.

    Chers Ami-e-s et Membres du Groupe SAPEC, nous vous souhaitons une Bonne et Heureuse Année 2022 et vous remercions de votre soutien !

    Jacques Nuoffer, président
    Marie-Jo Aeby, vice-présidente

  • ECA Ending Clergy Abuse – Global Justice Project en 2021

    La fondation d’ECA (Ending Clergy Abuse – Global Justice Project) a été décidée en janvier 2017 suite aux déclarations désastreuses du Pape lors de son voyage au Chili au sujet des victimes d’abus sexuels. En juin 2017 à Genève, le Groupe SAPEC, représenté par Jacques Nuoffer et Jean-Marie Fürbringer, s’est engagé comme membre fondateur de cette organisation dont les objectifs rejoignent ceux de notre association et sont aussi à l’origine de notre enquête de 2017.

    ECA a pour but d’amener le Vatican à mettre en œuvre ses déclarations de tolérance zéro et d’amener le pape François à condamner tous les évêques et responsables de congrégations qui ont protégé et protègent encore leurs agents cléricaux agresseurs au détriment des victimes.

     

    Nous avons regroupé ci-dessous des textes que nous avons rédigés touchant les activités et manifestations d’ECA, les plus récents en tête, et signalé les sujets traités sur le site lors de leur publication.

    Rappelons que sous https://www.ecaglobal.org/, le site d’ECA, qui est originellement en anglais, a un outil de traduction systématique (en haut à droite) qui permet de le lire dans la langue de son choix.

    Message du 30 décembre 2021

    Une autre année de changement est devant nous. 2021 a certainement apporté avec elle plusieurs des incertitudes et des caractéristiques troublantes qui ont persisté tout au long de 2020 ainsi que de nouveaux défis et opportunités. Nous cherchons tous de nouvelles façons de nous adapter à la vie alors que les variantes de Covid-19 planent sans relâche sur la planète.
    Au milieu de tout cela, ECA s’efforce toujours de demander des comptes à ceux qui ont violé les droits des enfants dans le cadre de l’Eglise et ECA s’engage à demander justice pour les survivants.

    12 juillet 2021

    Les survivants appellent le Pape François à s’exprimer face  à la découverte de 215 enfants autochtones des pensionnats indiens enterrés sans dignité !

    24 janvier 2021

    Information sur les perspectives d’ECA pour 2021 et dernières nouvelles concernant notamment Theodore
    McCarrick :

    – Trois papes ont permis la montée au pouvoir de Mgr McCarrick malgré des preuves bien documentées de ses abus en série contre des séminaristes et des mineurs.

    – Le 10 novembre 2020, les victimes américaines ont appelé le président élu Biden à répondre. À ce jour, pas de réponse.

  • Edito du 7 décembre 2021 : Recherche sur les abus sexuels dans l’Eglise en Suisse : ce que nous constatons et revendiquons

    Les résultats de la recherche de la CIASE confirment l’ampleur du phénomène et la diversité des facteurs favorisant les abus sexuels dans l’Eglise, comme nous l’avions déjà relevé dans notre Mémoire SAPEC 2013-2014:  Mémoire SAPEC 2013-2014.

    Voici en bref ce que nous constatons et revendiquons pour la recherche en Suisse. 

    Nos constatations

    1. La définition du projet s’est faite dans un « entre-soi » du magistère de l’Eglise catholique, sans consultation des premières intéressées, les victimes. D’où le refus de nous inclure, ce qui est un non-sens. En sciences humaines, on reconnait aujourd’hui les principaux intéressés comme des actrices et acteurs incontournables dans l’élaboration des méthodes, du cadre et des contenus des recherches.
    2. Le projet de recherche se fera sans aucun-e expert-e issu du milieu académique de la Suisse latine.

    Cette absence de chercheur-e-s de Romandie ou du Tessin invités à s’impliquer dans la recherche et le refus d’y associer les victimes qui réclament cette étude depuis plus de dix ans, est indigne et nous met en colère.

    Nos revendications

    1. Face à l’ampleur du phénomène des abus sexuels commis au sein de l’Eglise catholique, nous demandons une recherche impliquant une diversité de spécialistes dans les champs de la psychologie, la psychiatrie, la sociologie, la criminologie, l’histoire, le droit, la théologie, etc. Si la CIASE en France a atteint le niveau d’excellence, c’est parce qu’elle a incité des chercheur-e-s de disciplines très différentes à travailler ensemble.
    2. Pour trouver les bonnes personnes, dynamiser et coordonner le travail des chercheur-es, nous demandons que cette commission soit présidée par une personnalité suisse d’envergure, une figure rassembleuse, de haute valeur morale.
    3. Nous demandons que des chercheur-es romand-es et tessinois-es participent à la recherche et que la sensibilité latine soit ainsi représentée.
    4. Nous demandons que la commission mise en place communique régulièrement par la publication du nom des chercheur-e-s et de leurs spécialités, les thèmes étudiés et les méthodes utilisées (se référer au travail de la CIASE).
    5. Nous demandons que cette commission aille à la rencontre des associations de victimes de Suisse latine et de Suisse alémanique, écoute, entende leurs paroles et les associe tout au long du travail des chercheur-e-s.

    Jacques Nuoffer
    Président du Groupe SAPEC

  • Entretien avec Marie-Jo Aeby – Le Temps – 9 novembre 2021

    Après la déflagration du rapport Sauvé, les évêques de France ont annoncé lundi une série de mesures pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Eglise. Depuis la Suisse, Marie-Jo Aeby, vice-présidente d’une association de victimes, elle-même abusée par un prêtre, livre son analyse.

     

    Après l’innommable, l’onde de choc et l’introspection, l’heure des décisions. Pour tenter de panser les plaies face à des attentes immenses. Un mois après la publication du rapport Sauvé, les évêques de France ont présenté ce lundi à Lourdes une série de mesures pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Eglise. Les prélats ont notamment annoncé la mise en place d’un dispositif de reconnaissance et d’indemnisation des victimes. Une «instance nationale indépendante» pour instruire les demandes des victimes sera aussi créée et dirigée par une juriste, alors que neuf groupes de travail réfléchiront à la «gouvernance» de l’Eglise.

    Lire sur ce sujet: Pédocriminalité dans l’Eglise catholique française: une juriste dirigera une instance de «réparation»

    Comment ces annonces résonnent-elles lorsque l’on porte, soi-même, les stigmates éternels de la violence sexuelle? Marie-Jo Aeby a été abusée par un prêtre, un ami de la famille, quand elle avait 15 ans. Vice-présidente de Groupe SAPEC, une association suisse de soutien aux victimes d’abus dans une relation d’autorité religieuse, elle répond au Temps.

    Le Temps: Les évêques de France ont reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Eglise et la dimension systémique des violences sexuelles en son sein. Est-ce un soulagement pour vous?

    Marie-Jo Aeby: Oui, c’est certain. Cette reconnaissance est importante car elle implique que des transformations en profondeur doivent s’opérer pour que tout le système de fonctionnement de l’Eglise change. Au fond, la question de la répartition du pouvoir doit être repensée.

    Quel regard portez-vous sur les mesures annoncées ce lundi?

    L’Eglise est une institution qui ne bouge que très peu, donc ces décisions sont déjà énormes. Je les salue. Maintenant, il faut impérativement passer de la parole aux actes. Je pense que les groupes de travail annoncés pourront agir en ce sens en proposant des mesures concrètes. D’ailleurs, il me paraît indispensable que les victimes puissent intégrer ces groupes. Ce sont elles qui peuvent en tout temps ramener au réel, raconter leur histoire et ce qui aurait pu changer la donne pour elles. Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier les abus commis sur les religieuses et les personnes adultes vulnérables, moins abordés dans les discussions actuelles.

    A lire aussi : Pédocriminalité dans l’Eglise catholique française: une juriste dirigera une instance de «réparation»

    A Lourdes, il a été question des indemnisations financières pour les victimes. L’argent répare-t-il vraiment une vie brisée par la pédocriminalité?

    Evidemment que non. Mais quel autre signe tangible une institution peut-elle donner à quelqu’un qui a été si gravement touché? L’argent ne répare rien – et de loin – mais il compte quand même. Il représente quelque chose. Il permet aux victimes de se payer des thérapies ou de réaliser des activités qui leur font du bien.

    Lire aussi: Violences sexuelles dans l’Eglise catholique française: «Il y a eu une lâcheté incroyable»

    Le fonds d’indemnisation ne sera finalement pas alimenté par les dons des fidèles, une idée qui avait pourtant été évoquée. Qu’en pensez-vous?

    C’est la moindre des choses! Quand j’ai entendu Eric de Moulins-Beaufort [le président de la Conférence des évêques de France, ndlr] proposer une base provenant de dons, j’ai sauté en l’air. Il ne faut pas oublier que ces hommes d’Eglise vivent comme des princes, encore aujourd’hui. Ils ont des palais et quantité de biens. S’ils veulent vraiment se mettre du côté des «petits», il faut qu’ils descendent de leur piédestal et qu’ils vivent comme nous.

    A vos yeux, quels mécanismes de prévention seraient efficaces pour lutter contre la pédocriminalité au sein de l’Eglise?

    Agathe Seppey Publié lundi 8 novembre 2021 à 18:58 Modifié mardi 9 novembre 2021 à 15:01 Pédocriminalité dans l’Eglise catholique française: une juriste dirigera une instance de «réparation» DR Pédocriminalité dans l’Eglise catholique française: une juriste dirigera une instance de «réparation» Violences sexuelles dans l’Eglise catholique française: «Il y a eu une lâcheté incroyable» 09/11/2021 15:10 Abus sexuels dans l’Eglise: «L’argent ne répare rien, mais c’est un signe tangible qui compte» – Le Temps https://www.letemps.ch/societe/abus-sexuels-leglise-largent-ne-repare-rien-cest-un-signe-tangible-compte 3/3 J’en vois plusieurs. Premièrement, sur le plan théologique, l’Eglise doit revoir sa copie dans ce qu’elle dit de la sexualité. Le discours actuel valide uniquement la sexualité dans le mariage. Cela n’a plus de sens pour une immense majorité de personnes, même au sein de la communauté catholique. Deuxièmement, le célibat imposé à vie aux prêtres n’est pas une bonne solution. Il devrait pouvoir être choisi et à géométrie variable, avec la possibilité de ne durer qu’un temps. Le problème du célibat est qu’il fait du prêtre un être à part, au-dessus des autres. Puisque la sexualité est perçue comme «moins bonne» que l’abstinence, le prêtre devient un personnage sacré et au-dessus de tout soupçon. Cela lui donne un pouvoir et c’est avec ce dernier qu’il gagne le silence sur ses actes. Troisièmement, il faut que l’Eglise permette l’accès à des postes décisionnels aux femmes. Cela couperait la hiérarchie actuelle où le pouvoir est maintenu par une «caste» et où le risque de dérapage est grand.

    Lire aussi: Les évêques français reconnaissent la responsabilité de l’Eglise dans les violences sexuelles

    En France, un groupe de travail se penchera sur l’accompagnement des prêtres. Est-ce une bonne idée?

    En amont, il est déjà nécessaire de bien évaluer les futurs prêtres sur le plan psychologique au moment de leur entrée dans les lieux de formation. Une fois qu’ils sont sortis des études et qu’ils exercent dans la vie pratique, ils sont effectivement très seuls. Un accompagnement me paraît très important.

    En Suisse, des spécialistes examineront les violences sexuelles commises depuis les années 1950. Quelles sont vos attentes face à cette étude confiée à l’Université de Zurich?

    Avec notre association, nous aimerions que cette étude soit pluridisciplinaire, comme l’a été celle de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) en France. Ensuite, il me paraît nécessaire de lancer un appel à témoignages qui soit complémentaire à une consultation des archives. Et finalement, nous attendons qu’une enquête en population générale soit menée pour estimer la prévalence de ces violences. Si l’étude suisse passe à côté de ces trois éléments, les résultats seront en dessous de la réalité et ce serait dommage. Nous craignons qu’elle ne soit pas assez ample.

    Lire aussi: Après la France et l’Allemagne, l’Eglise catholique suisse mandate des spécialistes pour enquêter sur des décennies d’abus

  • Edito du 12 octobre 2021 : Recherche sur les abus sexuels dans l’Eglise Un grand pas en France ! Un petit pas en Suisse ?

    Les résultats de la recherche de la CIASE confirment l’ampleur et les facteurs favorisant les abus sexuels dans l’Eglise, mis en évidence dès la fin du siècle dernier et résumés dans notre Mémoire SAPEC 2013-20141. C’est un grand pas pour la France.

    Les évêques français étaient à la traîne : vont-ils faire le pas suivant ?

    Dans une lettre de mars 2016, j’interpellais les évêques français et une quinzaine de journalistes avec cette question : « Ni reconnaissance ni réparation pour les victimes d’abus sexuels prescrits de l’Église de France : pourquoi ? »

    En mars 2017, dans l’article du Figaro2, M. Alain Christnacht, Président de la Commission nationale d’expertise contre la pédophilie de la CAF estimait que les évêques français avaient progressé en trois périodes et que leur but était atteint. En juillet, je lui écrivais : «…Contrairement à vous, je crois vraiment qu’il manque une période aux trois premières que vous mentionnez et donc que le dispositif mis en place par la Conférence des évêques français n’est pas complet. J’espère vraiment qu’au cours d’une quatrième période ces évêques, conscients de leur responsabilité morale, vont, en plus de leur parole de pardon et de leurs prières, trouver une solution qui leur est propre pour manifester à l’égard des victimes leur compassion face au traumatisme vécu et pour leur accorder une indemnité concrétisant cette reconnaissance ! »

    Les propositions du rapport de la CIASE (www.ciase.fr) devraient contraindre les évêques français à concrétiser leur reconnaissance par une indemnisation. Combien d’années encore vont-ils pinailler/transiger avant de la réaliser ?

    Dès 2010, les évêques suisses demandaient pardon, mais une recherche préliminaire n’aura lieu qu’en 2022 !

    Les évêques suisses ont été plus rapides et efficaces, grâce à l’Abbé Martin Werlen et Mgr Charles Morerod. Ils ont reconnu leur responsabilité et demandé pardon en 2010 et accordé une indemnité aux personnes victimes dès 2016. Même celles, par dépit, qui ne voulaient plus avoir à traiter avec une institution qui ne les avait pas protégées ont pu recourir à la Commission d’écoute, de conciliation, d’arbitrage et de réparation, la CECAR, commission indépendante que les prélats suisses ont reconnue.

    Dès 2010, nous avons demandé aux évêques une recherche suisse approfondie sur les abus et leurs origines, précisant nos propositions dans des lettres aux autorités de l’Eglise et à la commission d’experts de la CES. Nous avons notamment revendiqué d’être impliqués dès le départ dans la définition du projet, en nous appuyant sur l’évolution des recherches récentes en sciences humaines qui confirment l’importance d’associer les personnes concernées au concept et aux contenus. Nous n’avons pas été entendus sur ce standard minimal participatif et nous devions attendre une conférence de presse de décembre 2021 pour connaître le contenu du projet. Mgr Bonnemain vient d’annoncer en grande pompe une recherche préliminaire d’un an dès 2022, au moment de la publication du rapport de la CIASE ! Incroyable ! De qui se moque-t-on ?

    La recherche sérieuse et approfondie de la CIASE s’est mise à l’écoute des victimes en créant un « groupe miroir »2 composé des représentants d’associations de victimes volontaires. « L’idée, explique Alice Casagrande, est que les historiens, les sociologues, les psychiatres n’obtiendront jamais une partie du savoir sur les abus : c’est le savoir expérientiel », celui que les victimes ont acquis par leur malheur.

    Toutes les recherches de ce type aujourd’hui, y compris en Suisse, doivent donc inclure les victimes, qui sont des actrices et acteurs réels, dans l’élaboration des méthodes, du cadre et des contenus, par différentes méthodes académiques éprouvées en sciences humaines, il ne s’agit pas de théologie ici ! Les victimes ne peuvent être à nouveau colonisées, sans aucun droit à la parole sur ce que l’on dit et pensent d’elles ! Qui plus est une des facultés suisses de criminologies doit être impérativement associée.

    De quelle recherche sur les abus sera-t-il question en Suisse ?

    L’expertise des victimes n’est pas seulement celle de l’expérience vécue, mais aussi celle des conséquences sociétales et juridiques à en tirer. Le groupe « victimes et réparation » a travaillé avec ce groupe miroir. Ensemble, ils ont creusé des sujets tels que la réparation, la réponse de l’Eglise, la réponse pénale… Au bout du compte, la CIASE a su gagner la confiance des victimes. François Devaux, de La Parole libérée, parle aujourd’hui d’un « travail d’écoute et de réflexion exemplaire » et Olivier Savignac estime que « cette commission est en train de créer une révolution : nous ne sommes plus seuls ».

    Notre association de personnes victimes – la seule en Suisse, rejointe récemment par l’association IG-MikU (Interessengemeinschaft für Missbrauchbetroffene im kirchlichen Umfeld) en Suisse allemande – n’a pas pu s’exprimer4 sur ce projet de recherche. Tenue, pour on ne sait quelle raison, à l’écart de la définition de la recherche prévue, elle reste très préoccupée malgré les paroles de Mgr Bonnemain. Nous nous posons une série de questions sur l’étude préliminaire annoncée pour 2022 ; va-t-elle

    • aller à la rencontre des victimes ? 
    • écouter les personnes victimes qui ont quelque chose à dire ?
    • auditionner les associations de victimes ?
    • donner une place proportionnée aux chercheurs romands et tessinois et leur permettre d’exprimer leur sensibilité ?
    • publier les noms des chercheurs engagés et leurs spécialités ?
    • publier les thèmes qui vont être étudiés et les méthodes utilisées ?
    • se référer au travail de la CIASE : dans quels domaines (méthodes de travail, paramètres pris en compte, relations avec les associations de victimes) ?
    • intégrer les apports scientifiques et académiques d’une faculté de criminologie ?

    Il nous paraît légitime d’obtenir des réponses à ces questions et nous souhaitons bénéficier d’autant d’égard et d’attention que les personnes victimes et leurs associations ont reçus de la CIASE et d’être associés dès le départ comme elles, aux travaux du groupe de recherche suisse.

    Jacques Nuoffer
    Président du Groupe SAPEC

    Notes

    1) Mémoire SAPEC 2013-2014 http://www.groupe-sapec.net/medias/Demarches/Memoire_2013.pdf.pdf

    2) Jean-Marie Guénois : Entretien: Prêtres pédophiles : Les évêques ne sont pas bien informés, Le Figaro 27 mars 2017

    3) Les informations et citations de ce paragraphe sont tirées de l’article de Cécile Chambraud :Abus sexuels dans  l’Eglise : les coulisses de la commission Sauvé, Le Monde 3 octobre 2021. https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/03/violences-sexuelles-dans-l-eglise-les-coulisses-de-la-commission-sauve_6096906_3224.html

    4)  Seul un de nos membres, Stéphane Hernach, a été invité à témoigner de son vécu sur la TV canal9. Il a appelé notamment à une journée annuelle d’écoute des victimes. https://canal9.ch/le-journal-du-07-10-2021/

  • Edito du 15 août 2021 : Le comité très actif en ce moment est heureux de vous partager quelques bonnes nouvelles !

    Bonjour !

    Le comité très actif en ce moment est heureux de vous partager quelques bonnes nouvelles !

    Notre assemblée générale

    15 personnes ont participé à notre assemblée générale le 28 juin sur zoom (PV AG), dont deux invité-e-s Romaine Girod, doctorante à l’UNIL qui rédige une thèse sur les abus sexuels commis au sein de l’Eglise et Marc Artzouni, responsable du SNAP pour l’Europe.

    Renouvellement des conventions

    Les personnes présentes ont été heureuses d’apprendre par votre président que les conventions relatives aux réparations en faveur les victimes (cf. PV AG, p. 2, 7) étaient reconduites pour 5 ans.

    Objectifs du Groupe SAPEC pour 2021-2022

    • Intensifier les relations avec les membres et amis du Groupe SAPEC. 
    • Renforcer notre visibilité et présence auprès du public. 
    • Développer les relations avec la CECAR et autres associations proches.
    • Poser des exigences pour que le projet de recherche de l’Eglise catholique suisse soit de qualité tant dans sa réalisation que lors de la publication des résultats. 
    • Poursuivre notre travail de soutien aux victimes et à leurs proches.  
    • Continuer de manière soutenue notre travail de vigilance: de nombreux prélats n’ont pas encore compris la réalité des abus et leur contexte systémique. 
    • Rendre notre site internet plus accessible et être présent sur les réseaux sociaux: pensons à la génération des enfants des victimes ! Nous pouvons compter désormais sur l’aide que nous apporteront Elisa et Clara pour ce qui touche au numérique.

    Fêter les dix ans du Groupe SAPEC

    La COVID a interrompu quelque temps notre élan de réflexion à ce sujet.  Mais aujourd’hui, nous préparons 2 événements pour 2022-2023, si les demandes de fonds en cours aboutissent.

    • Le 1er sera une conférence ou – si nos finances le permettent – une journée d’étude. Elle aura lieu dans une Université ou un HES à Lausanne ou Genève.
    • Le 2sera une pièce de théâtre. En 2020, un auteur-comédien français a écrit « Pardon » https://www.vimeo.com/472152616 une pièce autobiographique que notre ami Alain a vue à Avignon en juillet et que nous diffuserons si possible dans les six cantons romands.

    Avancée majeure pour les victimes abusées

    Passée presqu’inaperçue, cette information nous est parvenue par Jean-Marie et par Gabriella. Un jugement historique a été rendu récemment par le Tribunal cantonal thurgovien : pour des abus subis il y a 40 ans, une victime a vu la prescription être contournée. https://www.blick.ch/fr/news/suisse/un-jugement-historique-en-faveur-des-victimes-dabus-cette-decision-fera-date-id16713612.html

    Chers Ami-e-s et membres du Groupe SAPEC, MERCI de votre soutien !        

    Jacques Nuoffer, président        Marie-Jo Aeby, vice-présidente

  • Infolettre n°2 – Août 2021 – Groupe SAPEC

    Bonjour !

    Le comité très actif en ce moment est heureux de vous partager quelques bonnes nouvelles !

    Notre assemblée générale

    15 personnes ont participé à notre assemblée générale le 28 juin sur zoom (PV AG), dont deux invité- e-s Romaine Girod, doctorante à l’UNIL qui rédige une thèse sur les abus sexuels commis au sein de l’Eglise et Marc Artzouni, responsable du SNAP pour l’Europe.

    Renouvellement des conventions

    Les personnes présentes ont été heureuses d’apprendre par votre président que les conventions rela- tives aux réparations en faveur les victimes (cf. PV AG, p. 2, 7) étaient reconduites pour 5 ans.

    Objectifs du Groupe SAPEC pour 2021-2022

    • Intensifier les relations avec les membres et amis du Groupe SAPEC.

    • Renforcer notre visibilité et présence auprès du public.

    • Développer les relations avec la CECAR et autres associations proches.

    • Poser des exigences pour que le projet de recherche de l’Eglise catholique suisse soit de qualité tant dans sa réalisation que lors de la publication des résultats.

    • Poursuivre notre travail de soutien aux victimes et à leurs proches.

    • Continuer de manière soutenue notre travail de vigilance: de nombreux prélats n’ont pas encore compris la réalité des abus et leur contexte systémique.

    • Rendre notre site internet plus accessible et être présent sur les réseaux sociaux: pensons à la génération des enfants des victimes ! Nous pouvons compter désormais sur l’aide que nous apporteront Elisa et Clara pour ce qui touche au numérique.

    Fêter les dix ans du Groupe SAPEC

    La COVID a interrompu quelque temps notre élan de réflexion à ce sujet. Mais aujourd’hui, nous pré- parons 2 événements pour 2022-2023, si les demandes de fonds en cours aboutissent.

    • Le 1er sera une conférence ou – si nos finances le permettent – une journée d’étude. Elle aura lieu dans une Université ou un HES à Lausanne ou Genève.

    • Le 2e sera une pièce de théâtre. En 2020, un auteur-comédien français a écrit « Pardon »

      https://www.vimeo.com/472152616 une pièce autobiographique que notre ami Alain a vue à Avi- gnon en juillet et que nous diffuserons si possible dans les six cantons romands.

    Avancée majeure pour les victimes abusées

    Passée presqu’inaperçue, cette information nous est parvenue par Jean-Marie et par Gabriella. Un jugement historique a été rendu récemment par le Tribunal cantonal thurgovien : pour des abus subis il y a 40 ans, une victime a vu la prescription être contournée. https://www.blick.ch/fr/news/suisse/un- jugement-historique-en-faveur-des-victimes-dabus-cette-decision-fera-date-id16713612.html

    Chers Ami-e-s et membres du Groupe SAPEC, MERCI de votre soutien !

    Jacques Nuoffer, président

    Marie-Jo Aeby, vice-présidente

  • Edito du 25 mars 2021 : Nos dernières démarches

    En raison de la crise sanitaire, nous ne pouvons pas encore planifier ni la date ni le contenu de l’assemblée générale 2021 qui sera liée à une manifestation relative aux dix ans du Groupe SAPEC. En attendant, nous tenons à vous donner quelques informations importantes.

    En complément du rapport annuel 2020 ci-joint qui vous informe sur les activités du Groupe SAPEC en période de confinement, voici les principaux objectifs que nous avons choisis pour 2021.

    Intensification de nos relations avec nos membres.

    • Introduction de l’envoi à nos membres de nouvelles régulièrement et invitation à ce qu’ils s’associent à la manifestation marquant nos 10 ans qui aura lieu lors de la prochaine AG.
    • Propositions à nos membres de nous donner des coups de main ponctuels, par exemple pour créer une petite base de données des articles de presse, rassembler des informations sur un sujet, ou autres projets liés à leurs connaissances ou compétences, etc.

    Démarches pour renforcer la visibilité et la présence du Groupe SAPEC

    • Développement des relations et collaborations avec des institutions comme Bénévolat VD / LAVI / Pro SENECTUTE / Dis No / HES / UNI, etc.
    • Création d’un nouveau site internet qui contiendra les informations actuelles, de nouvelles rubriques, tout cela de manière plus attractive et plus facile à consulter.
    • Actualisation des informations de Wikipédia sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique en Suisse et conception d’une page sur le Groupe SAPEC

    Développement des relations avec la CECAR

    • Soutien plus actif des activités et engagements du conseil
    • Développement des échanges avec notre représentante au sein du conseil

    Projet de recherche

    Nous poursuivons notre soutien au projet de recherche sur les abus sexuels commis par des agents pastoraux de l’Eglise catholique suisse

    • en insistant sur la nécessaire participation d’une personne victime dans le groupe de travail et
    • en exigeant un engagement pour une totale transparence dans la publication des résultats.

    Ouvrages traitant les thèmes qui nous préoccupent

    • Nous avons mis sur notre site (http://www.groupe-sapec.net/livres.htm) une liste d’ouvrages traitant de la problématique des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique.
    • Signalons le livre « Derrière la boulangerie » d’Anne-Marie Francey-Gremaud, Ed. Faim de Siècle, La vie des gens 2018, Deuxième édition. C’est un récit remarquable.

    En restant disponible pour répondre à vos questions et demandes, je vous remercie au nom de membres du comité pour votre soutien moral et financier.

    Jacques Nuoffer
    Président du Groupe SAPEC

  • Infolettre n°1 – Mars 2021 – Groupe SAPEC

    En raison de la crise sanitaire, nous ne pouvons pas encore planifier ni la date ni le contenu de l’assemblée générale 2021 qui sera liée à une manifestation relative aux dix ans du Groupe SAPEC. En attendant, nous tenons à vous donner quelques informations importantes.

    En complément du rapport annuel 2020 ci-joint qui vous informe sur les activités du Groupe SAPEC en période de confinement, voici les principaux objectifs que nous avons choisis pour 2021.

    Intensification de nos relations avec nos membres.

    • Introduction de l’envoi à nos membres de nouvelles régulièrement et invitation à ce qu’ils

      s’associent à la manifestation marquant nos 10 ans qui aura lieu lors de la prochaine AG.

    • Propositions à nos membres de nous donner des coups de main ponctuels, par exemple pour créer une petite base de données des articles de presse, rassembler des informations sur un sujet, ou autres projets liés à leurs connaissances ou compétences, etc.

      Démarches pour renforcer la visibilité et la présence du Groupe SAPEC

    • Développement des relations et collaborations avec des institutions comme Bénévolat VD / LAVI / Pro SENECTUTE / Dis No / HES / UNI, etc.

    • Création d’un nouveau site internet qui contiendra les informations actuelles, de nouvelles rubriques, tout cela de manière plus attractive et plus facile à consulter.

    • Actualisation des informations de Wikipédia sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique en Suisse et conception d’une page sur le Groupe SAPEC

    Développement des relations avec la CECAR

    • Soutien plus actif des activités et engagements du conseil

    • Développement des échanges avec notre représentante au sein du conseil

    Projet de recherche

    Nous poursuivons notre soutien au projet de recherche sur les abus sexuels commis par des agents pastoraux de l’Eglise catholique suisse

    • en insistant sur la nécessaire participation d’une personne victime dans le groupe de travail et

    • en exigeant un engagement pour une totale transparence dans la publication des résultats.

    Ouvrages traitant les thèmes qui nous préoccupent

    Nous avons mis sur notre site une liste d’ouvrages traitant de la problématique des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique.

    Signalons le livre « Derrière la boulangerie » d’Anne-Marie Francey-Gremaud, Ed. Faim de Siècle, La vie des gens 2018, Deuxième édition. C’est un récit remarquable.

    En restant disponible pour répondre à vos questions et demandes, je vous remercie au nom de membres du comité pour votre soutien moral et financier.

     

    Jacques Nuoffer, président
    Association du Groupe SAPEC

  • Nouveau protocole de l’Église allemande pour les victimes d’abus

    De nouvelles règles concernant la reconnaissance de la souffrance des victimes d’abus sexuels dans le contexte ecclésial sont entrées en vigueur le 1er janvier. C’est l’aboutissement d’un processus entamé en 2018 par l’Église allemande.

    Vatican News

    L’entrée en vigueur de ce nouveau règlement avait été décidée le 24 novembre 2020 par le Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande après la remise à l’automne 2018 d’une étude intitulée «Abus sexuels sur mineurs par des prêtres, diacres et religieux catholiques au sein de la Conférence épiscopale allemande (DBK)». De nouveaux formulaires de plainte sont donc maintenant disponibles sur le site web de la conférence et remplacent la procédure instituée en 2011.

    La décision a été prise par la Commission indépendante pour les services d’examen (UKA), composée de sept membres qui agissent indépendamment et ne sont pas des employés de l’Église catholique. Ces experts sont issus de différents domaines, comme le droit, la médecine et la psychologie. Ils ont été choisis par le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, évêque de Limbourg

    Cinq étapes avant l’indemnisation

    La nouvelle procédure de reconnaissance matérielle de la souffrance est divisée en cinq étapes. Les personnes qui ont subi des abus sexuels quand elles étaient mineures ou en tant qu’adultes vulnérables sous protection doivent se rendre auprès des personnes de contact désignées par la Commission indépendante dans chacun des archidiocèses ou diocèses ; les personnes de contact indépendantes mènent un entretien et peuvent aider à remplir le formulaire de demande ; la demande est envoyée à l’UKA par la personne de contact ou le diocèse ; enfin, l’UKA fixe un niveau de prestation et dirige le paiement aux personnes concernées par l’intermédiaire du diocèse ou directement au montant spécifié.

    Jusqu’à 50 000 euros.

    En septembre 2020, les évêques catholiques allemands ont prévu de donner aux victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé une indemnisation pouvant aller jusqu’à 50 000 euros. À l’époque, ce montant a été considéré comme «symbolique» par les associations de victimes qui demandent un débat au Parlement. Selon le nouveau protocole, même ceux qui ont déjà reçu une compensation financière dans le passé pourront y accéder, car jusqu’à présent, aucune n’a dépassé 5 000 euros.

    L’étude publiée il y a deux ans a révélé que 3 677 mineurs avaient été abusés sexuellement par plus de 1 000 membres du clergé depuis 1946. Cependant, en raison des difficultés d’accès à toutes les archives de l’Église, les auteurs du document ont reconnu que le nombre de victimes pourrait probablement être plus élevé

    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2021-01/eglise-allemagne-abus-sexuels-indemnisation-nouveau-reglement.html