Auteur/autrice : Denis PIERREHUMBERT

  • Témoignage de Sr Christiane: « La vérité vous rendra libre »

    JOURNEE DE FORMATION CES DU 16 NOVEMBRE 2022 à ZURICH

    Je vous parle en tant que victime – témoin, et aussi en tant que religieuse, actuellement en communauté à Cressier/ Neuchâtel.

    J’ai été victime d’un prêtre en 1960. Ma famille vivait une étape difficile et le curé, ami de mon père, m’avait prise en pension. J’avais 14 ans. A l’époque, j’étais encore une enfant. Chaque soir, j’étais terrorisée. Je n’arrivais pas à m’endormir car souvent, il s’introduisait dans ma chambre. Durant des semaines, il a abusé de moi.
    Au même moment, ma sœur d’un an mon aînée était, elle aussi, victime du même prêtre et cela pendant plusieurs années. Chacune a gardé le silence, et lorsque nous avons pu en parler cinquante ans plus tard, en 2008, quelle sidération ! 

    En 2018, lorsque j’en ai parlé à ma Supérieure Provinciale, elle m’a encouragée à me faire connaître. C’est grâce à la journée du mémorial à Fribourg en 2019 et à la rencontre avec Marie-Jo Aeby du groupe SAPEC que nous avons pu faire le pas. Ce fut une véritable libération. Ma soeur est décédée six mois après que nous ayons été reçues par Monseigneur Morerod, et cinq après ses entretiens à la CECAR. Voici ce qu’elle écrivait à la CECAR, une fois la responsabilité reconnue par l’Eglise :

    « Comment vous exprimer ma joie et ma reconnaissance ? Je suis en fin de vie, phase terminale de deux cancers. Grâce à vous, la boucle est bouclée. Pour moi, c’est un miracle de la vie. 60 ans de silence et juste devant la mort, la reconnaissance ». 

    J’ai compris là qu’il n’est jamais trop tard pour sortir du silence et que, jusqu’à la dernière minute de notre vie, la démarche en vaut la peine.

    J’ai choisi la CECAR parce que, remplie de honte et de culpabilité d’avoir été salie par un prêtre, il m’était impossible de me présenter à eux, membres de la commission diocésaine. Et aussi par solidarité pour les victimes qui ont quitté l’Eglise. 

    Il m’a été communiqué récemment le témoignage d’une personne victime de ce même prêtre à l’âge de 15 ans et durant 20 ans. Cette femme, peu avant son décès, s’était confiée à son fils. Celui-ci a mis 15 ans pour le communiquer à son évêque en précisant : « par son témoignage, ma mère souhaitait qu’il corrobore le récit d’autres victimes. »

    Aujourd’hui, je suis contente de m’exprimer au nom et pour toutes les personnes victimes, spécialement celles qui sont emmurées dans leur silence ; pour celles qui viennent demander un accompagnement au groupe SAPEC ou ailleurs. Et pour leurs proches, victimes collatérales.

    Mon engagement au groupe SAPEC a été accepté par ma Supérieure provinciale mais il n’engage que moi. Mgr Morerod, le reconnaît ; je l’en remercie !

    Ce que j’attends de l’Eglise aujourd’hui ? 

    Un réel effort de vérité et de loyauté : Qu’elle fasse toute la lumière sur les actes abominables, les crimes dont elle porte la responsabilité. J’attends qu’elle agisse principalement sur trois axes : 

          1)  Qu’elle mette tout en œuvre pour que les victimes sortent du silence  

    2)  Qu’elle mette les victimes au centre de ses préoccupations

    3)  Qu’elle sorte de la culture du secret et de l’entre-soi


    1) Qu’elle mette tout en œuvre pour que les victimes sortent du silence

    Beaucoup de victimes sont encore dans le silence. Il faut des décennies pour sortir de la honte et de la culpabilité. Faire la démarche demande beaucoup de courage car tout remonte en vous et c’est très douloureux. Et la plupart du temps les victimes, blessées par l’Eglise, ne souhaitent pas revenir à elle. Il y a aussi celles qui ne veulent pas dévoiler leur souffrance par égard pour l’Eglise et pour ne pas blesser leurs proches, souvent de bons chrétiens. Cela m’attriste et me préoccupe au nom de l’Evangile. C’est pourquoi je voudrais ici crier ma demande d’appels à témoignages. C’est mon appel le plus pressant, ma priorité absolue. 

    Je demande haut et fort aux autorités de l’Eglise de lancer un appel à témoignages systématique dès qu’une affaire est connue et pourquoi pas, lors d’un événement à saisir. Qu’elles publient un communiqué dans la presse et un courrier aux personnes ayant fréquenté l’établissement ou la paroisse en question. 

    Et qu’en tout temps, elles aient une adresse de contact mail ou un numéro de téléphone facilement accessible sur leur site. Ce n’est malheureusement pas le cas dans tous les diocèses !

    Mais il faut aller plus loin encore. Il faut se mettre à la place des victimes qui ont quitté l’Eglise et ne lui font plus confiance et leur offrir une possibilité de contact téléphonique neutre et indépendant tenue par des professionnels, par exemple une ligne téléphonique à l’échelle du pays, comme le suggère depuis plusieurs mois IG-MIKU. 

    2) Qu’elle mette la victime au centre de ses préoccupations

    Messieurs les évêques, et vous, responsables d’Ordre monastique et de Congrégation, je vous le demande avec insistance : ne vous dérobez pas à l’appel d’une victime ! La rencontrer, c’est prendre en compte sa dignité. C’est également reconnaître le délit, le crime commis au sein de l’Institution. 
    Ayez le souci de l’orienter vers la cellule diocésaine ou une association de victimes comme la nôtre en lui donnant le choix. Qu’aucun d’entre vous ne fasse la sourde oreille comme ce fut le cas pour moi, lors d’une retraite. Le moment était venu de sortir mon cri si longtemps étouffé, mais le prêtre détourna la conversation. Souffrance aggravée de ne pas avoir été prise en compte. Etais-je à ce point-là vouée à ne compter pour rien ? A mériter le mépris ? Longtemps je l’ai cru, ce qui s’est rajouté à mon sentiment de honte et de culpabilité. Je ne pense pas être un cas unique ! 

    J’attends que les évêques et supérieurs, informés d’un cas d’abus, entreprennent immédiatement les démarches judiciaires et ecclésiastiques adéquates.

     Et qu’ils facilitent à la victime la lecture du dossierPersonnellement, j’ai eu accès au dossier. Ce fut un moment important pour moi. Je demande qu’il en soit ainsi partout et pour tous.

    3) Qu’elle sorte de la culture du secret et de l’entre-soi

    On parle beaucoup des abuseurs dans les médias ; « bien de trop me dit-on ! En faisant cela, ils attaquent l’Eglise ». Mais c’est sous la pression des médias que les scandales sortent et que les responsables réagissent !  
    Je remarque également un silence poignant de mes Sœurs lorsqu’une nouvelle affaire est dévoilée. Lorsqu’un membre est dénoncé puis reconnu coupable, toute la Congrégation souffre pour lui, pour elle. Nous oublions la victime.
    Il en a été de même pour Patrick Goujon, jésuite, victime et auteur de « Prière de ne pas abuser ». « Avant d’écrire à l’évêque, dit-il, je m’en suis ouvert à un ami de confiance, jésuite comme moi. Il me recommandât de ne pas en parler, de ne pas remuer tout cela. Cependant, je sentais qu’il me fallait parler ».  
    C’est ce qui arrive dans ma Congrégation, dans d’autres aussi, j’imagine, et en Eglise : « Surtout, ne pas en parler, ne pas remuer tout cela. » 
    « Il y a si longtemps ! » disent mes Sœurs. Mes propos choquent, alors je me tais. Ou alors, je m’insurge : « Vous ne pouvez pas comprendre » ! Elles ne savent pas que la mémoire du corps ne s’efface pas ; elle reste intacte comme une empreinte qu’il faut apprivoiser. Je suis perçue comme le trouble-fête, celle qui veut du mal à l’Eglise. Depuis les scandales récents en France, je réalise leur désarroi.

    J’attends donc de l’Eglise qu’elle soit touchée au moins autant par la souffrance des victimes que par le drame que vivent les auteurs d’abus et l’institution qui a permis ces crimes,

    Que les évêchés se dotent tous d’une personne qualifiée pour explorer systématiquement les dossiers des prêtres et agents pastoraux afin d’y repérer les moindres indices, facteurs d’abus. Pareil pour les Congrégations ! Dans le dossier que j’ai pu lire parce qu’il me concernait, j’ai repéré un élément douteux qui, aujourd’hui, serait lu comme suspect et à examiner sérieusement comme indice au problème.

    Que les victimes connaissent le résultat des enquêtes et des sanctions imposées à leur agresseur. Qu’une communication soit faite à la paroisse ou à l’environnement dans lequel il se trouve désormais.  

    Au niveau de la communication :

    La publication des mesures ou sanctions canoniques est une question délicate à laquelle il faut réfléchir ; nous savons qu’elle peut permettre à de nouvelles victimes d’oser parler. 

    J’attends une plus grande collaboration des responsables diocésains et des Congrégations religieuses avec le groupe SAPEC et IG Miku en Suisse allemande. 

    Des informations sur la formation des séminaristes et les actions concernant la prévention. 

    Une journée de prière-témoignages dans tous les diocèses annuellement ou à définir.

    Et surtout, j’insiste pour mon appel à témoignages et la création d’une ligne téléphonique neutre et indépendante de l’Eglise pour permettre aux personnes meurtries et encore enfoncées dans leur silence d’oser se manifester. Cela serait un signe fort qui exprimerait la volonté de l’Eglise de sortir de l’entre-soi et un témoignage important pour la société.  

    En conclusion :

    Je souhaite aux responsables de l’Eglise d’oser regarder en face la violence intra-ecclésiale, la trahison de l’Eglise. Aujourd’hui, nous avons tous conscience qu’il s’agit aussi d’emprises, d’abus spirituels, de pouvoir et de conscience.

    Je souhaite que les victimes majeures au moment des faits puissent se faire entendre et que leur souffrance soit prise au sérieux.

    J’ai la ferme conviction que de la vérité assumée et de la manière dont elle essaiera de combattre le mal, l’Eglise, chez nous, renaîtra des cendres. Cela va être encore très douloureux ! 
    Je me réjouis des avancées déjà réalisées. Nous vivons une traversée pascale. J’ose croire mon Eglise capable de se ressaisir et de se laisser façonner par le Souffle de l’Esprit. La démarche synodale arrive au bon moment. Gageons qu’elle portera de bons fruits !

    Christiane Marmy

  • Infolettre n°5 – Décembre 2022 – Groupe SAPEC

    Aux membres du Groupe SAPEC, à leurs familles, connaissances et à toutes personnes intéressées

    Mesdames et Messieurs,

    Cher-e-s membres et amie-s du Groupe SAPEC

     

    Voici encore quelques brèves informations au terme d’une année 2022 qui nous a permis de réaliser quelques activités importantes.

     

    Journée d’étude à l’UNIL : organisateurs et participants très satisfaits !

    Notre journée d’étude du 7 octobre 2022, organisée avec l’UNIL en collaboration avec Josselin Tricou et Romaine Girod, nous a permis de réunir une soixantaine de personnes autour de la thématique des violences sexuelles commises dans un contexte religieux https://archives.groupe-sapec.ch/2022/09/21/7-octobre-2022-journee-detude/ . La pièce de théâtre « La Peur » présentée en soirée par la Compagnie « Harmonie communale » de Lyon a clôturé la manifestation avec brio !

     

    Visitez notre site !

    Comme vous pouvez le constater www.groupe-sapec.ch, notre site internet, a fait peau neuve et notre page Facebook est dorénavant régulièrement mise à jour et modérée par Guilhem Lavignotte :

    https://www.facebook.com/groups/sapec/?mibextid=6NoCDW .

     

    Collaboration à la recherche sur les abus dans l’Eglise catholique en Suisse

    Lancée à Lausanne le 4 avril 2022 par les autorités de l’Eglise catholique suisse, une recherche, confiée à l’Université de Zurich, devra évaluer les conditions générales d’une étude historique des abus sexuels dans le contexte ecclésial depuis le milieu du 20e siècle et fournir ainsi les bases pour d’autres projets de recherche. https://www.letemps.ch/suisse/leglise-catholique-ouvre-archives-secretes-une-enquete-abus-sexuels.

    À la conférence de presse, Jacques Nuoffer s’est exprimé au nom du Groupe SAPEC pour souligner combien cette démarche était importante à nos yeux. Au courant de l’été, les membres de notre comité ont eu des entretiens avec les responsables de la recherche qui rendront compte de leur travail en automne 2023.

     

    Témoignages devant les membres des commissions ecclésiales des diocèses

    Le 16 novembre 2022, le comité était présent à Zurich pour la journée annuelle de formation proposée par la CES. Elle donnait cette année une place essentielle aux témoignages de personnes victimes d’abus. Christiane Marmy et Jacques Nuoffer se sont exprimés, à titre personnel et au nom du Groupe SAPEC https://archives.groupe-sapec.ch/category/temoignages/.  Daniel Pittet et nos collègues alémaniques Vreni Peterer et Albin Reichmuth ont également fait part de leur témoignage https://www.ig-gegen-missbrauch-kirche.ch/verein_igmiku .

     

    Collaboration avec des associations de victimes en France et en Belgique

    En France, une année après le dépôt du rapport Sauvé, l’Eglise catholique connait un véritable séisme : chaque jour de nouvelles victimes sortent du silence. Nous sommes en lien avec plusieurs associations et collectifs français qui luttent pour que les victimes reçoivent soutien, reconnaissance et réparation.

     

    Soutien plus fréquent aux victimes d’abus spirituels

    En Suisse, des personnes issues de communautés dites nouvelles sortent du silence. Elles ont vécu des situations d’emprise se traduisant par des abus majeurs sur le plan psychologique, physique et spirituel. Plusieurs d’entre elles se sont adressées au Groupe SAPEC et nous les soutenons dans leurs démarches.

     

    Notre comité recherche de nouveaux membres

    Cher-e-s ami-e-s, votre soutien nous est précieux ! Si vous disposez de temps, prenez contact avec nous : notre comité aimerait s’étoffer. Nous restons disponibles pour répondre à vos questions : n’hésitez pas à nous contacter !

     

    Nous vous souhaitons de belles fêtes et vous adressons nos meilleurs messages.

     

    Avec nos cordiales salutations.

    Jacques Nuoffer, président

    Marie-Jo Aeby, vice-président

  • Edito du 23 septembre 2022 : Mgr Lovey doit-il démissionner ?

    Le contexte

    Ainsi un chanoine abuseur, devant se tenir à l’écart des cérémonies publiques, participe à l’ordination d’un confrère ! Le prévôt actuel et l’évêque du diocèse sont présents et n’interviennent pas. La personne victime, particulièrement choquée, dénonce l’attitude des prélats. Quelle est la réaction de notre association de victimes nous demande Flore DUSSEY, journaliste à RTS ? Répondant à cette dernière (RTS 08 08 22 -19h30), Mgr Lovey reconnaît avoir ressenti un malaise, mais n’a pas réagi. Il le regrette surtout vu l’impact sur la personne victime.

    Notre position : exclusion de tout abuseur

    Notre position est affirmée depuis 2010 : un agent pastoral et surtout un prêtre ou un chanoine, auteur de violences sexuelles, doivent être écartés de suite de tout ministère et ne plus participer à une liturgie ou apparaître en public. Selon le cas, il devrait être réduit à l’état laïc.

    Ignorance et secret dans l’Eglise

    Dans cette affaire, plusieurs points nous indignent et confirment que l’ignorance et le secret sont les deux mamelles de la maltraitance. Un pédocriminel couvert par une institution fait en moyenne 100 victimes selon le FBI. Des cas dans l’Eglise catholique suisse le confirment. Mais bien des prélats veulent encore l’ignorer et continuent de minimiser aussi l’impact dramatique qu’a sur une victime même un seul abus. Dans le cas d’un prêtre, il y a trois abus : abus de pouvoir, abus sexuel et abus spirituel. Mgr Lovey n’a pas encore pris conscience de la gravité de la situation. Sait-il vraiment ce que cela fait d’être abusé par un prêtre en qui on a confiance ? Dans l’interview du Temps (17 09 22), il s’exprime en termes de « phénomène », « d’évènement » au lieu de voir et de dire qu’il s’agit de crime et que le coupable doit être puni.

    L’évêque juge et partie

    C’est vraiment scandaleux qu’un prêtre abuseur participe à l’ordination d’un confrère, d’autant plus qu’il était suspendu de toute activité. C’est une faute grave de l’évêque de ne pas l’avoir écarté de cette ordination, même au dernier moment. Mais il faut le reconnaître, dans l’organisation cléricale de l’Eglise, la position de Mgr Lovey est intenable, comme l’a mis en évidence le rapport Sauvé : l’évêque est juge et partie, il peine à condamner ses prêtres qui sont ses « fils », parfois ex-confrères et amis !

    Appel réjouissant de « François » pour en aider d’autres à sortir du silence

    Ce qui nous réjouit dans cette histoire, c’est que « François », la victime du chanoine abuseur a fait appel à la CECAR, commission indépendante que le Groupe SAPEC a proposée et qui s’est concrétisée après 6 ans de démarches.
    « François » a ainsi obtenu reconnaissance, excuses du bout des lèvres de la part de l’abuseur et réparation. Et il relaie nos appels aux personnes victimes à libérer la parole. Nous espérons que son témoignage fort aidera de nouvelles personnes à sortir du silence et à s’adresser à la CECAR.

    Notre demande : un pas supplémentaire

    Il y a 10 ans, Mgr Werlen, alors Père Abbé d’Einsiedeln a été pris à partie lors d’une émission de la télévision suisse alémanique par une personne affirmant que dans son couvent aussi, il y avait eu des actes pédophiles. Il a réagi immédiatement et diligenté une enquête auprès de tous les anciens élèves de l’Abbaye. Nous demandons au prévôt du Grand-St- Bernard d’en faire autant : écrire à tous les anciens élèves du Collège de Champittet en les priant de témoigner sur ce qu’ils ont subi et vu, pour que vérité soit faite!

    Mgr Lovey ne doit pas démissionner, mais assumer pleinement ses responsabilités

    Nous n’attendons rien du procès canonique ! Nous demandons que tous les prêtres auteurs de violences sexuelles soient démis de leur fonction, voire renvoyés à l’état laïc pour ne plus bénéficier de l’aura du prêtre catholique encore beaucoup trop valorisée par les fidèles.
    Il y a peu d’espoir qu’un nouvel évêque mesure la réalité de la situation comme un Mgr Morerod ! Mgr Lovey vient une fois de plus d’être confronté aux vécus des victimes et à la situation intenable d’un évêque dans ces affaires de pédophilie. Il ne doit pas démissionner, mais s’engager fermement à faire sortir l’Eglise de l’ignorance et du secret.

    Et il pourrait glisser à l’oreille de son confrère, prévôt du Grand-St-Bernard, que la démarche demandée par le Groupe SAPEC constitue un pas dans la bonne direction. Une telle enquête aurait d’ailleurs dû être lancée dans tous les pensionnats catholiques de Suisse. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

    Jacques Nuoffer
    Président du Groupe SAPEC

  • Infolettre n°4 – Septembre 2022 – Groupe SAPEC

    Aux membres du Groupe SAPEC, à leurs familles, connaissances et à toutes personnes intéressées

    Mesdames et Messieurs,

    Nous avons le plaisir de vous donner des infos toutes fraîches et espérons vous rencontrer lors de l’événement organisé à l’Université de Lausanne le 7 octobre, à l’occasion des 10 ans du Groupe SAPEC.

    Journée d’étude à l’UNIL – Vendredi 7 octobre 2022

    Lors d’une journée-bilan à l’occasion des 10 ans du Groupe SAPEC, nous avons pris la décision de fêter cet anniversaire en organisant une manifestation qui, Covid oblige, a dû être reportée. Elle va enfin se réaliser par une journée d’étude sur la thématique des abus, dans une université romande, celle de Lausanne. Organisée avec le précieux concours de chercheurs-euses de cette université, la Journée d’étude aura lieu le vendredi 7 octobre à l’université de Lausanne. Intitulée « Les violences sexuelles dans l’Église catholique en Suisse : Entre mobilisations des victimes et apports des recherches, l’émergence d’un problème public », elle se terminera par une pièce de théâtre « La Peur » qui sera donnée à 19h à La Datcha au Flon à Lausanne.

    Vous êtes cordialement invités à l’ensemble de l’événement. Les informations pratiques sont ci-dessous, le programme et le descriptif de la pièce de théâtre en pièces jointes.

    Projet de recherche pilote sur les violences sexuelles lancé le 4 avril 2022

    Comme vous l’avez appris par la presse, les autorités de l’Église catholique suisse ont enfin décidé de mettre en route une recherche sur les abus sexuels commis en son sein. Le projet pilote actuellement en cours, mené par des historiennes de l’Université de Zurich, permettra de donner des pistes en automne 2023 pour le futur de la recherche. Le Groupe SAPEC et IGMiKu (nos collègues de Suisse alémanique) sont vigilants. Des membres du Groupe SAPEC ont rencontré récemment les chercheuses de l’Uni de Zurich chargées de l’étude.

    Déçus par le décalage constaté entre l’envergure de la recherche effectuée par la CIASE en France et ce qui est envisagé en Suisse, nous espérons néanmoins que ce travail permettra de mieux cerner la réalité des abus commis en Suisse. La recherche de la CIASE en France et sa médiatisation ont fait émerger de nombreuses dénonciations d’abus. Et c’est loin d’être terminé.

    La recherche qui commence en Suisse est très différente dans ses objectifs et dans ses méthodes. Nous craignons qu’elle ne contribue pas suffisamment à faire sortir les victimes du silence. Il faudra trouver d’autres moyens pour les aider. Les médias, les réseaux sociaux, il faut inventer ! La journée d’étude va enrichir notre information et stimuler notre imagination !

    Nouveau site internet – Page Facebook – Témoignage sous forme de podcast

    C’est essentiellement en pensant aux victimes, à leurs familles, leurs proches et connaissances, que nous avons complètement remanié la présentation de notre site internet. Nous vous invitons à le consulter. Il sera en ligne ces prochains jours www.groupe-sapec.ch

    Afin d’être présent sur les réseaux sociaux, nous avons réactivé notre page Facebook et confié la tâche de modérateur-trice à une personne proche du Groupe SAPEC. Enfin, un témoignage audio sur le site du Journal Le Temps, par Marie-Jo Aeby, décrit l’impact accablant causé par l’abus, le sentiment de libération éprouvé lors de sa démarche auprès de la CECAR et l’importance que revêt pour elle son travail bénévole au sein du Groupe SAPEC www.letemps.ch/podcast

    Personnes victimes d’abus de pouvoir et d’abus spirituels

    Des communautés dites nouvelles, dont bon nombre de fondateurs se sont comportés comme des gourous, sont littéralement en train d’imploser. L’Église a « laissé faire » pendant des années, mais aujourd’hui, face au nombre de personnes victimes qui osent enfin sortir du silence, elle se doit d’intervenir. Nous constatons que la Conférence des évêques est consciente du problème et Mgr Bonnemain a – à plusieurs reprises – affirmé que la vague ne faisait que commencer. Plusieurs personnes ayant momentanément pris leurs distances ou ayant quitté l’une de ces communautés nous ont contactés.

    Nous tenons à remercier nos membres qui ont déjà versé leur cotisation annuelle ou fait un don. La transmission des tâches de la trésorerie est en cours et nous allons pouvoir bientôt, comme prévu dans nos statuts, remercier personnellement les donatrices et donateurs.

    Nous restons disponibles pour répondre à vos questions : n’hésitez pas à nous écrire ! Avec nos cordiales salutations.

    Jacques Nuoffer, président

    Marie-Jo Aeby, vice-présidente

  • 7 octobre 2022 – journée d’étude

    Les violences sexuelles dans l’église catholique en Suisse.

    Entre mobilisations des victimes et apports des recherches, l’émergence d’un problème public.

    > Inscription et détails.

    > Présentation de la pièce de théâtre « La Peur à la table » (PDF). 

    > Compte rendu de la journée par Cath.ch

  • Infolettre n°3 – Janvier 2022 – Groupe SAPEC

    Prix de la Fondation Herbert Haag décerné à Jacques Nuoffer

    La Fondation Herbert Haag a décidé de récompenser en 2022 quatre groupes ou personnes luttant en Allemagne, en Autriche et en Suisse contre les abus sexuels commis au sein de l’Eglise. Un premier prix a été décerné à Jacques Nuoffer pour l’association du Groupe SAPEC (Suisse romande) et à Albin Reichmuth pour IG-MikU, Groupe d’intérêt des personnes concernées par les abus dans le milieu ecclésiastique (Suisse alémanique). Le prix, d’un montant de 10’000 francs suisses, est réparti entre les deux associations.

    Rapport de la CIASE (France) – Recherche suisse sur les abus sexuels dans l’Eglise

    En France, après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a rendu public son rapport le 5 octobre 2021. L’ampleur de cette recherche et qu’elle ait réussi à faire travailler ensemble historiens, juristes, psychologues, psychiatres, sociologues, démographes et théologiens, constituent un modèle pour toutes les études futures. Le Groupe SAPEC a saisi l’occasion pour prendre position face au projet de recherche suisse envisagé sur la même thématique. Le 6 décembre, les autorités de l’Eglise annonçaient avoir mandaté deux historiennes de l’Université de Zurich pour mener une recherche indépendante. Nous avons salué cette décision attendue par le Groupe SAPEC depuis 2010, mais relevé qu’une approche pluridisciplinaire s’imposait pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Nous avons également demandé que des universitaires de la Suisse latine soient associés et insisté pour que notre Association, ainsi que nos homologues de Suisse alémanique puissent participer, dès le départ, à la recherche.

    Journée d’étude organisée conjointement avec une université romande

    Ce projet avance et nous espérons bientôt pouvoir vous annoncer le lieu et la date de cette journée d’étude. Elle visera à éclairer les éléments qui ont permis tant d’abus de pouvoir, souvent d’ordre sexuel, dans le contexte religieux.

    Site internet

    Nous travaillons à la création d’un nouveau site internet qui remplacera notre site actuel. Davantage centré sur les besoins des personnes cherchant de l’aide et offrant un design plus actuel, il sera mis en ligne, sauf imprévu, durant le premier trimestre 2022.

    Soutien de la Loterie Romande

    La LoRo vient de nous accorder un don de 20’000.- francs, ce qui nous permettra de financer le nouveau site web, la Journée d’étude et peut-être une prestation théâtrale.

    Collaboration avec l’Association IG-MikU, notre homologue en Suisse allemande

    Nos contacts avec Albin Reichmuth, président de IG-MikU, sont réguliers et nous veillons à faire avancer ensemble nos revendications face aux autorités de l’Eglise.

    Chers Ami-e-s et Membres du Groupe SAPEC, nous vous souhaitons une Bonne et Heureuse Année 2022 et vous remercions de votre soutien !

    Jacques Nuoffer, président

    Marie-Jo Aeby, vice-présidente

  • Témoignage Brise-Glace : Dans la vie de Marie-Jo, abusée par un prêtre

    Derrière les chiffres, effarants, sur les abus sexuels au sein de l’Eglise, il y a autant de victimes. Comme Marie-Jo, agressée par un homme de foi et ami de la famille à l’âge de 15 ans. Septuagénaire aujourd’hui, elle raconte le déni, la honte, le chemin vers la reconstruction. La colère aussi, contre cette institution qui a fermé les yeux si longtemps.

    > Ecouter le témoignage.

  • Edito du 24 mai 2022 : Qu’en est-il du Motu proprio « Vos estis lux mundi » du 9 mai 2019?

    La demande de Théo MOY, journaliste débats-idées à La Croix, et les informations de l’enquête de ses collègues nous ont donné l’occasion de faire le point sur l’évolution de la lutte contre les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique depuis notre prise de position qui a suivi la publication du Motu proprio Vos estis lux mundi il y a trois ans. Marie-Jo Aeby, vice-présidente, et moi avons rédigé l’état des lieux ci-dessous qu’il avait l’intention de publier sous forme de témoignage-tribune dans les colonnes de La Croix.

    Nos constatations et commentaires à propos du Motu proprio Vos estis lux mundi du 9 mai 2019

    Trois ans ont effectivement passé depuis le 9 mai 2019 et la publication de « Vos estis lux mundi » et ses mesures prises par le Pape François concernant le signalement des cas de violence sexuelle, abus de pouvoirs et abus de conscience.

    Lors de sa publication, nous avons reconnu que ce Motu proprio allait dans le bon sens, notamment avec l’obligation de signaler à l’Eglise tout soupçon d’agression sexuelle ou de harcèlement, y compris contre des personnes majeures et avec l’appel à la dénonciation de toute tentative de couvrir des faits au niveau de la hiérarchie. Mais nous avons critiqué le maintien du secret absolu de la confession, l’absence de mention de dédommagements financiers en faveur des victimes, le fait que ces dernières ne puissent pas avoir accès à leur dossier, la tenue à l’écart de leurs associations, l’absence d’une instance juridique indépendante qui serait en charge de juger les clercs abuseurs à travers le monde et enfin le rôle central confié à l’archevêque métropolitain qui n’a aucune obligation de s’entourer de personnes indépendantes et compétentes.

    L’enquête de Xavier Le Normand et Loup Besmond de Senneville indique que les mesures positives ne semblent pas être appliquées dans l’ensemble des diocèses du monde. Rien d’étonnant quand on sait que, dans de nombreux pays, l’image de l’Eglise continue de peser bien plus que la réalité vécue par les victimes !

    Ainsi les nombreux freins dans l’Eglise sur ces questions, que je signalais dans la fin de mon interview* sur Cath.ch le 10 mai 2019 (cf. ci-dessous), sont encore plus importants que je ne le supposais et l’application réelle des mesures annoncées est décevante, malgré la pression que nous cherchons à exercer à travers ECA et le SNAP.

    Certes ce Motu proprio allait dans le bon sens, mais même si un effort a été fait pour que les diocèses disposent d’une traduction, il n’en reste pas moins que les écrits inappliqués n’ont pas d’effet ! Et nos critiques d’il y a trois ans restent pertinentes, n’ayant été l’objet d’aucune évolution.

    Cette enquête confirme donc que l’Eglise catholique dans le monde est loin de répondre aux attentes des personnes victimes telles que nous les exprimons en Suisse. Voici d’autres remarques importantes pour nous.

    • Même si des bureaux de signalement ont été mis en place çà et là, ils manquent encore dans de nombreux diocèses. On peut d’ailleurs se demander si les évêchés constituent la bonne porte, vu l’« entre soi » qui prévaut encore tant au sein de la hiérarchie catholique.
    • La mise en place, à l’échelle nationale, d’un lieu neutre et indépendant des autorités ecclésiales, composé de professionnels formés à l’écoute des victimes, nous parait vraiment plus adéquat.
    • Nous doutons également que les prêtres d’un diocèse ou d’une congrégation religieuse dénoncent l’un des leurs, bien que ce soit devenu une obligation depuis 2019.
    • Ne faudrait-il pas d’ailleurs aller plus loin et demander aux auteurs d’abus de se dénoncer eux-mêmes. Que ce soit une exigence de la hiérarchie. Si c’était le cas, quel signe fort les autorités donneraient aux victimes qui ont tant de difficulté à sortir du silence.

    Jacques Nuoffer
    Président de Groupe SAPEC

    23 mai 2022

    *https://www.cath.ch/newsf/le-motu-proprio-sur-les-abus-est-un-progres-mais-qui-doit-se-concretiser/

  • Edito mars 2022 : La Fondation Herbert Haag décerne un des prix 2022 au Groupe SAPEC représenté par son président Jacques Nuoffer

    But de la fondation

    La Fondation Herbert Haag pour la liberté dans l’Église (https://www.herberthaag-stiftung.ch/) a été créée en 1985 par Herbert Haag, professeur de théologie à l’Université de Tübingen, sur la base de la conviction suivante :

    La crise actuelle dans l’Église est due à sa constitution, qui doit inévitablement conduire à l’absence de liberté des croyants. Cette situation est en contradiction ouverte avec le message de Jésus, qui a proclamé un évangile de liberté. La Fondation Herbert Haag pour la liberté dans l’Eglise ne va pas y parvenir, mais elle souhaite au moins en donner des signes.

    La Fondation Herbert Haag a décidé de récompenser en 2022 quatre groupes ou personnes luttant en Allemagne, en Autriche et en Suisse contre les abus sexuels commis au sein de l’Eglise. Lors de la manifestation, le 13 mars 2022, un des prix a été décerné à Jacques Nuoffer pour l’association du Groupe SAPEC (Suisse romande) et à Albin Reichmuth pour IG-MikU, Groupe d’intérêt des personnes concernées par les abus dans le milieu ecclésiastique (Suisse alémanique). Elle veut notamment encourager les associations de victimes à poursuivre leur engagement. Le prix, d’un montant de 10’000 francs suisses, est réparti entre les deux associations.

    Mes motivations passées et lesmodèles de notre engagement actuel
    Témoignage de Jacques Nuoffer au cours de la cérémonie

    Oser enfin trahir après des mois d’hésitation et d’angoisse, la promesse du secret qui m’avait été imposée, m’a permis de me libérer du piège dans lequel j’étais enfermé.

    Dans les années qui ont suivi, je n’ai parlé qu’en confession de la lente mise sous emprise que j’avais subie depuis l’âge de 14 ans par ce prêtre ami de la famille et de la manière dont il a abusé de moi !

    C’est dix ans plus tard, alors que tout me souriait avec la naissance inespérée de ma fille Sidonie, que le traumatisme a resurgi et que ma vie a été bouleversée. Je me suis investi plein d’espoir dans une psychanalyse à Fribourg, puis à Paris. Mon couple en a été ébranlé. Je n’ai pu être pleinement disponible pour ma fille qui en souffrit! Je suis heureux qu’elle soit là aujourd’hui et j’espère que cette journée va donner du sens et de la réparation pour elle aussi.

    Quarante ans après que j’aie dénoncé mon agresseur, vers 2005, ma compagne, par ailleurs pédopsychiatre, me démontra que le problème n’avait pas été pris en charge correctement : pas de dénonciation à la police, mais une remise en question personnelle alors que ce n’était pas le sujet, pas d’information, pas de reconnaissance, pas de réparation !

    Je décidai de m’occuper de ces sujets dès ma retraite, à 63 ans, il y a 14 ans !

    D’entrée, je vécus comme un nouvel abus les refus de l’évêque et de la congrégation du prêtre pervers de répondre à mes demandes!

    Lors d’un témoignage anonyme à la radio romande, j’ai lancé un appel auquel Marie-Jo Aeby et Gérard Falcioni ont répondu. Nous avons fondé l’association du Groupe de Soutien Aux Personnes abusées par des Prêtre de l’Eglise Catholique le 22 décembre 2010.

    Ensemble avec Marie-Jo Aeby, Marie-Madeleine Zufferey-Sudan, Hubert Varrin, Jean-Marie Fürbringer, Eric Paulus, Valerio Maj, nous avons persévéré malgré les non-réponses de la majorité des prélats, mais avec le soutien surtout de deux d’entre eux : Mgr Martin Werlen et Mgr Charles Morerod.

    Ainsi depuis 11 ans, nous œuvrons notamment

    • pour l’application des mesures décidées par les Papes et les directives de la CES
    • pour le lancement d’un travail d’enquête sur les abus
    • pour la refonte de la sélection des séminaristes et de la formation des prêtres
    • pour le développement de la prévention et de la formation de tout le personnel catholique

    Mais la réalisation unique et originale est l’Accord CECAR entre des évêques et supérieur-e-s et le Groupe SAPEC suite aux travaux d’une commission tripartite :  Victimes – Prélats – Parlementaires.

    Le but de cet Accord est d’offrir, au sein d’une commission indépendante, écoute, information et réparation aux personnes victimes qui ne veulent plus avoir à faire avec l’institution qui ne les a pas protégées : la CECAR (Commission d’Écoute, de Conciliation, d’Arbitrage et de Réparation).

    Depuis le début, l’engagement et les démarches du Groupe SAPEC s’inspirent du modèle de Louis Joinet et de l’analyse de Gabriel Ringlet.

    Louis Joinet a caractérisé la justice institutionnelle et définit les droits des victimes :

    • à l’information
    • à la justice,
    • à l’assurance de prévention
    • et à la réparation

    Gabriel Ringlet a souligné que la pédophilie dans l’Église catholique n’est pas un accident de parcours, ni un immense fait divers. Cinq critères sont nécessaires pour déboucher sur une indispensables réparation institutionnelle.

    L’Eglise catholique suisse est en passe d’en satisfaire trois !

    • Demande de pardon
    • Réparation
    • Recherche

    Mais quand seront sérieusement abordé les deux autres critères :

    • L’église doit s’interroger sur sa position concernant la sexualité !
    • L’église doit s’interroger sur le pouvoir du prêtre !

    Jacques Nuoffer
    Président du Groupe SAPEC

    Lucerne, le 13 mars 2022

    Interview de Raphael Rauch du 14 mars 2022: